Le Temps retrouvé II, Marcel Proust
Au-delà du temps
Il y a, bien sûr, beaucoup de façons de célébrer finalement l’achèvement de la traduction catalane de A la recherche du temps perdu de Marcel Proust. Cette traduction qui, depuis octobre 2009, est réalisée par Josep Maria Pinto chez Viena Edicions. Beaucoup de façons, et toutes elles seraient très bienvenues, tant l’occasion le mérite. Il le mérite amplement. Comme la traduction que Valeria Gaillard réalise pour Proa Edicions le méritera. Une célébration qui, espérons-le, pourra se faire ensemble, lorsque cette dernière édition sera terminée.
Cependant je crois, que la meilleure façon de le fêter est de lire la seconde partie, pages 161 à 353, de Le Temps retrouvé, Gallimard, Folio Gallimard, Paris, 1990 (El temps retrobat II), qui conclut l’aventure narrative du génial écrivain français avec un brillanteur qui nous étonne. Ou, pour être plus précis, avec un brillanteur encore plus grand que les tomes précédents. Une réalité qui, après avoir lu les précédentes, semblait absolument impossible : comment surmonter, à la fin de l’ouvrage, un plaisir littéraire qui semblait insurmontable ?
La réponse ne peut évidemment pas être simple. Ni simple ni unique. Si c’est le cas, ce serait dommage. Il serait dommage que son excellence puisse être expliquée — raisonnée ou justifiée — en quatre mots.
(Et permettez-moi que, bien que j’essaie toujours d’éviter les termes superlatifs, qui perdent leur sens et deviennent abâtardis lorsqu’ils sont utilisés à tort et à raison, sans discernement, dans ce cas je n’hésite pas à utiliser le mot excellence.
D’excellents livres, vraiment excellents, il y en a peu, très peu. Très peu. 5, 10 chaque siècle, peut-être ? Et, pour cette raison, lorsque vous faites une critique ou une analyse littéraire, vous devez être très prudent, en mesurant très bien les adjectifs que vous utilisez. En les réservant, exclusivement, à ceux livres qui, selon vous, le méritent vraiment. Comme, à mon avis, celui-ci le mérite.)
La conclusion
L’une des raisons, sans doute, de ce magnifique ouvrage est le fait qu’on arrive ainsi à la conclusion de La Recherche. Conclusion qui est à la fois — en même temps et aussi — récapitulation ou révision de l’ensemble de l’œuvre. C’est le moment où toute l’œuvre non seulement culmine, mais se justifie et (nous) donne (la) raison de son existence.
Et c’est ainsi parce que, aussi paradoxal que cela puisse paraître, cette fin est aussi — aussi et en même temps — son commencement. Dans cette fin, non seulement presque tous les fils narratifs de l’ensemble ont été noués, presque toutes les histoires qui ont été patiemment élaborées tout au long de tous les tomes précédents viennent d’être bouclées, mais le narrateur nous révèle, enfin, quelle a été l’impulsion initiale qui l’a amené à l’écrire.
Ce qui l’a amené à l’écrire et, ce qui est plus important, à l’écrire de cette façon. Une façon qui n’est pas survenue par hasard, mais qui était nécessaire — voire, (absolument) essentielle — pour l’histoire elle-même. Car l’histoire, cette histoire du Temps Perdu qui est Retrouvée et, donc Recouvré, a travers de l’écriture, ne pouvait s’écrire que comme il l’a écrite.
Une façon d’écrire qui ne doit pas être créée ou fabriquée, mais trouvée. Souvent quand on s’y attend le moins, voire quand on ne s’y attend plus : « c’est quelquefois au moment où tout nous semble perdu que l’avertissement arrive qui peut nous sauver, on a frappé à toutes les portes qui ne donnent sur rien, et la seule par où on peut entrer et qu’on aurait cherchée en vain pendant cent ans, on y heurte sans le savoir et elle s’ouvre[1] », (p. 173).
Transmettre
Un avertissement ou plutôt une découverte qui a beaucoup à voir avec un doute : « peut-on espérer transmettre au lecteur un plaisir qu’on n’a pas ressenti ?[2] », (p. 162).
Avec un doute qui, peu à peu, devient une certitude. Ou, à tout le moins, qui devient une certitude personnelle : pour écrire un roman, un roman du XXe siècle, on ne peut plus recourir, comme le faisaient les écrivains du siècle précédent, à l’expliquer, il faut parvenir à transmettre aux lecteurs les sentiments.
Non pas parce que les avons ressentis nous-mêmes, non parce qu’il faille que les avons ressentis nous-mêmes — ce qui impliquerait que tous les romans, en fin de compte, soient autobiographiques — mais parce que ce n’est que par cette transmission ou ce transfert que nous réussirons à amener aux lecteurs à ressentir ou à vivre, en vérité, la vie ou les vies que nous racontons.
Car l’explication, l’explicitation ne fera plus que maintenir les distances entre auteur et lecteur. Elle ne fera plus que maintenir ses rôles respectifs : l’un, celui de l’auteur, actif ; l’autre, celui des lecteurs, passif. Au contraire la transmission ou le transfert aboliront — ou au moins, réduiront — ces rôles respectifs : les lecteurs, s’ils veulent vraiment savourer ou entrer dans l’œuvre (ou, ce qui revient au même, la vivre), devront devenir créateurs ou re-créateurs de l’œuvre.
Transfert et récupération
Une fois cela clarifié, ce qu’il faudra, ce que le narrateur cherche depuis si longtemps, savoir comme est-il possible de réfléchir, littérairement, ce transfert.
Savoir quel pourrait être le moyen qui puisse lui permet de transmettre, avec le plus de fidélité possible, ce qu’il a ressenti ? Ce qu’il a ressenti et, surtout, et celui est un autre élément clé, ce qu’il avait ressenti : ce qu’il a ressenti dans le passé.
Un moyen qui ne semble pas avoir existé, qui lui a été refusé maintes et maintes fois — « le fameux « travail » auquel depuis si longtemps j’espère chaque jour me mettre le lendemain, je ne suis pas, ou plus fait pour lui, et que peut-être même il ne correspond à aucune réalité[3] », (p. 163) — mais que tout d’un coup il se fait présent devant lui, comme une apparition.
Une apparition qui lui arrive quand il reçoit l’invitation des Guermantes, dont le nom seul produirait déjà ses effets : « ce nom de Guermantes, depuis assez longtemps sorti de mon esprit pour que, lu sur la carte d’invitation, il réveillât un rayon de mon attention, qui alla prélever au fond de ma mémoire une coupe de leur passé accompagné de toutes les images de forêt domaniale où de hautes fleurs qui l’escortaient alors, et pour qu’il reprît pour moi le charme et la signification que je lui trouvais à Combray[4] », (Idem., c’est moi qui souligne).
Un nom qui le ferait revenir a son enfance : « J’avais eu envie d’aller chez les Guermantes, comme si cela avait dû me rapprocher de mon enfance et des profondeurs de ma mémoire où je l’apercevais[5] », (Idem., c’est moi qui souligne).
À une enfance à laquelle il ne peut pas s’y approcher, qu’uniquement peut tenter de récupérer à travers la mémoire. Et non à travers de la mémoire superficielle, mais de la plus profonde. De la mémoire que nous avons le plus enracinée en nous. Celle qui reste. La mémoire de la durée.
La formule
Une mémoire profonde, cachée, inconnue qu’il faut, donc, être récupéré, révélée. Et c’est là le grand doute, la grande difficulté, ce qui, jusqu’à ce moment, l’a empêché d’écrire ce qu’il voulait écrire : quelle est la méthode, le système ou la formule qui devrait lui permettre cette récupération, restitution ou, plus précisément, résurrection de la mémoire plus profonde ou souterraine ?
Qu’est-ce qui lui permettrait de s’élever : « lentement vers les hauteurs silencieuses du souvenir [?][6] », (p. 165).
Une formule que nous, les lecteurs, connaissons déjà, qui nous a été présentée au début du premier tome, dans la fameuse et cruciale scène de la madeleine[7], mais qu’il nous faudra attendre à ce dernier tome pour que le narrateur décide de raconter nous comme il l’a découverte.
Quand il entre dans la cour de l’hôtel de Guermantes : « je posai mon pied sur un pavé qui était un peu moins élevé que le précédent[8] », (p. 173), et ce seul geste évoque, immédiatement et clairement, toute une série d’images. Images, instantanés ou sensations imprévues, involontaires, inconscientes « qui étaient restées dans l’attente, à leur rang d’où un brusque hasard les avait impérieusement fait sortir, dans la série des jours oubliés[9] », (p. 174).
Des sensations si puissantes qu’elles lui permettaient non seulement de remémorer le passé, mais de le récupérer. Encore plus, de le ressusciter : « l’impression fut si forte que le moment que je vivais me sembla être le moment actuel[10] », (Idem.).
Une découverte qu’il tentera de reproduire — « J’essayais maintenant de tirer de ma mémoire d’autres “instantanés” »[11], (p. 172) — pour en faire sa formule.
Le temps
Je n’avancerai pas — assez que j’ai fait, par force — comme il finit par en faire sa formule, je n’avancerai pas a travers quelles expériences et raisonnements cette impression ou sensation devient la clé de voûte du système littéraire du narrateur. C’est à (chacun des) lecteurs de le découvrir de la main de l’auteur. De la main et au rythme qu’il jugeait le plus approprié.
Ce que je dois, inévitablement, souligner, c’est qu’une autre des raisons qui donnent de la grandeur au volume : cette découverte situe le narrateur (et, ce qui est beaucoup plus important, l’ensemble de l’œuvre et, par conséquent, aussi les lecteurs) en dehors ou au-delà du temps.
Comme le temps cesse d’être du temps classique, chronologiquement ordonné — le temps, pourrait-on dire, euclidien — pour devenir quelque chose de plus, pour devenir un chemin qui n’avance pas toujours, un chemin qui peut être fait (et refait) dans de multiples directions. Que, comme il nous fait avancer, il nous fait, aussi, arrêter et reculer.
Comme le temps, en réalité, devient la raison, le sens et l’essence d’une œuvre littéraire qui ne pourrait s’appeler qu’à À la recherche du temps perdu. Il l’exprime très clairement dans une lettre à Gaston Gallimard, peu avant de mourir, le jeudi 14 de septembre 1922 : « Des amis anglais à moi […] ils ont vu annoncé mon livre avec un titre qui signifie (je vous dis à peu près) au lieu de À la recherche du Temps perdu Souvenirs de choses passées. Cela détruit le titre ».
D’un temps qui, précisément parce qu’il n’est perdu qu’en théorie, qui précisément parce que c’est uniquement nous qui croyons l’avoir perdu, parce que nous pensons qu’il est irrémédiablement laissé derrière nous, mais qu’il ne pas ainsi, parce qu’il continue à vivre en nous, précisément pour ça nous pouvons le rechercher (et le recréer), nous pouvons le récupérer. Le récupérer existentiellement et donc littérairement.
Au-delà du temps
Le temps peut être recherché ou récupéré parce qu’il n’a pas été perdu, parce qu’il est au-delà du temps, parce qu’il transcende le temps. Parce que le temps présent et le temps d’avant ne font qu’un.
Parce que le souvenir est présent — et est présence. Parce que nous vivons des souvenirs du passé. Plus exactement, parce que nous sommes faits de temps passés. Parce que les temps passés font une partie constitutive de notre temps présent. Parce que nous sommes, dans une large mesure, nôtres temps passés.
Parce que « ces diverses impressions bienheureuses […] qui avaient entre elles ceci de commun que je les éprouvais à la fois dans le moment actuel et dans un moment éloigné jusqu’à faire empiéter le passé sur le présent, à me faire hésiter à savoir dans lequel des deux je me trouvais ; au vrai, l’être qui alors goûtait en moi cette impression la goûtait en ce qu’elle avait de commun dans un jour ancien et maintenant, dans ce qu’elle avait d’extra-temporel[12] », (p. 177).
Ou ce qui est le même : « quelque chose qui, commun à la fois au passé et au présent, est beaucoup plus essentiel qu’eux deux[13] », (p. 178).
Par « un expédient merveilleux de la nature, qui avait fait miroiter une sensation […] à la fois dans le passé […] et dans le présent où l’ébranlement effectif de mes sens […] avait ajouté aux rêves de l’imagination […] l’idée d’existence — et grâce à ce subterfuge avait permis à mon être d’obtenir, d’isoler, d’immobiliser — la durée d’un éclair — ce qu’il n’appréhende jamais : un peu de temps à l’état pur[14] », (p. 179).
Ce qui veut dire que : « L’être qui était rené en moi […] ne se nourrit que de l’essence des choses, en elle seulement il trouve sa subsistance, ses délices[15] », (Idem).
Vie authentique
Si je me suis arrêté, peut-être plus qu’il ne convient d’ordinaire, sur toutes ces raisons ou critères plus ou moins techniques et donc secondaires ou utilitaires — si je me suis arrêté autant qu’un essai plus profond et plus sérieux l’exigerait qu’avec un peu de chance aucune maison d’édition, la même Viena Edicions ? Proa Edicions ? peut-être aura l’idée de me demander) — c’est parce que je pense que, pour analyser Le Temps Retrouvé dans les bonnes conditions, il (m’)était absolument indispensable.
Indispensables non pas à cause des critères en eux-mêmes, mais à cause du résultat que Marcel Proust il obtint en les appliquant. Car c’est la découverte — une découverte qui était une sorte d’illumination — de ces critères, de cette formule qui permettait de retrouver les faits du passé comme s’ils étaient présents (au fait, en les faisant présents) la clé qui permettrait convertit À la recherche du Temps Perdu en l’œuvre éternelle qu’elle est devenue.
Parce que c’est uniquement l’application de cette formule ce qui a permis de donner (plutôt de doter) à l’œuvre sa condition de vérité et d’authenticité. De vie vécue.
D’une vie si vécue qu’il n’est pas du tout surprenant que tant de gens confondent le narrateur avec l’auteur. Qu’il y en a tant, encore aujourd’hui, malgré tant de preuves du contraire, qui sont convaincues que la seule chose que notre auteur ait faite a été de transférer sa vie sur papier.
Et tout cela parce que le sentiment d’authenticité est si intense, parce que la vie que l’auteur nous raconte à travers le narrateur est si réelle qu’ils considèrent comme impossible qu’il ait pu l’inventer. Car, si est vraie cette phrase qui assure que « la réalité dépasse toujours la fiction », comme est-il possible que dans ce cas, ce soit la fiction qui dépasse la réalité ?
Une idée, une allégation contre l’autonomie créative qui, que ses détracteurs en soient (assez) conscients ou non, est le plus grand éloge qu’ils puissent faire à l’immortel créateur de La Recherche.
Le plus grand (et le meilleur) compliment qu’ils puissent faire à tout créateur : refuser de croire que leur création puisse être non seulement aussi réelle que la réalité (que la vie) même, mais encore plus authentique que la réalité (que la vie) même.
dilluns, 31 d’octubre i dimarts 1 de novembre del mmxxii
© Xavier Serrahima 2022
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www.xavierserrahima.cat
@Xavierserrahimaorcid.org/0000-0003-3528-4499
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[1] “de vegades, just en el moment en què tot ens sembla perdut, arriba l’advertiment que ens pot salvar, hem trucat a tot de portes que no duen enlloc, i l’única per on podem entrar i que hem buscat endebades durant cent anys, hi topem sense saber-ho, i s’obre”, El temps retrobat II, Viena Edicions, Barcelona, 2022, traducció de Josep M. Pinto, (p. 21).
[2] “que potser podem esperar transmetre al lector un plaer que no hem sentit?”, (p. 8).
[3] “el famós «treball» a què fa tant de temps que cada dia espero posar-m’hi l’endemà, no hi estic fet, o ja no, i potser fins i tot no es correspon a cap realitat”, (p. 9).
[4] “aquell nom de Guermantes, que m’havia sortit del pensament des de feia prou de temps com perquè, llegit en la targeta d’invitació, desvetllés un raig de la meva atenció que va anar a cercar en el fons de la meva memòria una copa del seu passat acompanyat de totes les imatges de bosc senyorial o d’altres flors que aleshores l’escortaven i perquè recuperés per a mi l’encant i la significació que jo li trobava a Combray”, (p. 9, el subratllat és meu).
[5] “Vaig tenir ganes d’anar a casa dels Guermantes com si allò m’hagués d’acostar a la meva infantesa i les profunditats de la meva memòria, on la percebia”, (Íd., el subratllat és meu).
[6] “a poc a poc cap a les altures silencioses del record[?]”, (p. 12).
[7] « je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause », Du Côté de chez Swann, Gallimard, Folio, Paris, 1988, (p. 44) ; “vaig dur als meus llavis una cullerada de te on havia deixat que s’estovés un tros de magdalena. I en el mateix instant en què el glop barrejat amb molletes de pastisset va tocar el meu paladar, em vaig estremir, atent a alguna cosa extraordinària que passava a dins meu. M’havia envaït un plaer deliciós, aïllat, sense la noció de la seva causa”, Combray, Viena Edicions, Barcelona, 2009, traducció de Josep M. Pinto, (p. 60).
[8] “vaig posar el peu damunt d’una llamborda que era una mica menys elevada que l’anterior”, (p. 21).
[9] “que s’havien quedat a l’espera, en la seva fila, d’on un atzar brusc les havia fet sortir imperiosament, en la sèrie dels dies oblidats”, (p. 22).
[10] “la impressió va ser tan forta que el moment que vivia em va semblar que era el moment actual”, (p. 24).
[11] “Ara mirava d’extreure de la meva memòria altres «instantànies»”, (p. 20).
[12] “aquelles diferents impressions felices […] tenien en comú entre elles el fet que jo [les] experimentava a la vegada en el moment actual i en un moment allunyat, fins a immiscir el passat en el present, fins a fer-me dubtar a l’hora de saber en quin dels dos em trobava; en veritat, l’ésser que assaboria en mi aquella impressió l’assaboria en allò que tenia de en un dia antic i ara, en el que tenia d’extratemporal”, (p. 27).
[13] “alguna cosa que, comuna a la vegada al passat i al present, és molt més essencial que tots dos”, (p. 28).
[14] “un expedient meravellós de la naturalesa, que havia fet emmirallar una sensació […] a la vegada en el passat […] i en el present, en què la vibració efectiva dels meus sentits […] havia afegit als somnis de la imaginació […] la idea d’existència; i gràcies a aquest subterfugi havia permès que el meu ésser obtingués, aïllés, immobilitzés —la durada d’un llampec— allò que no pot aferrar mai: una mica de temps en estat pur.”, (p. 28).
[15] “L’ésser que havia renascut en mi […] solament s’alimentava de l’essència de les coses, solament en ella troba la seva subsistència, les seves delícies”, (Íd.).
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